
Préface
En ce début d’année 2021, par ces temps de pandémie, il est difficile pour les grands-parents et les petits-enfants de se voir … Surtout lorsqu’un océan les sépare.
Alors il m’est venu l’idée de créer un pont par-dessus les nuages et les virus, par-dessus l’Atlantique aussi, pour entrer en communication avec mon petit-fils âgé de 8 ans. Il connaît la maison de ses grands-parents en France. Elle se situe à Muret, petite ville à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest de Toulouse. Dans le sud de la France, traditionnellement on racontait des histoires aux veillées. Cela permettait d’alimenter l’imaginaire des plus jeunes et de valoriser les qualités des plus vieux. Dans cette tradition s’inscrit cette histoire : les personnages sont principalement des animaux. Des animaux qui parlent, lisent et ont des traits de caractère assez ressemblants à ceux des humains.
Depuis Muret, donc, j’ai entrepris de lui faire connaître les paysages proches de cette partie du monde dont je suis moi-même originaire. L’Espagne de mon père, toute proche, mais aussi l’Afrique du Nord, jusqu’au Sénégal, tous ces pays dont les cultures et populations se sont entremêlées au fil des siècles pour former la singularité du sud-ouest de la France d’aujourd’hui.
Au Canada, où vit ce petit-fils, l’écho du vieux monde parviendra par ce petit conte. Conte émaillé de faits historiques et de personnages ayant réellement existé. La géographie aussi est respectée autant que possible. Quant à l’idée du voyage « à thème » par un jeune solitaire, elle est fortement inspirée de la pratique de l’association Zellidja qui me tient à coeur. Cette association permet, par l’octroi de bourses, aux jeunes francophones de 16 à 20 ans de voyager seuls pour aller de par le monde étudier ou observer quelque chose. Il manque à Max, notre petit lézard voyageur, les contraintes de la restitution de son étude comme le demande Zellidja. Mais comme il est suivi par le narrateur … C’est tout comme !
Chapitre 1

Dans nos promenades, au dessus de Muret, nous voyons fréquemment des animaux sauvages. Chevreuils, lièvres et parfois même des sangliers … De nombreux oiseaux aussi. Mais peu sont bavards et se laissent rarement approcher. Seul un petit lézard a surmonté sa frayeur et m’a laissé m’asseoir à côté de lui. Suffisamment près pour qu’on puisse entendre ce qu’il voulait nous raconter : voici donc son histoire. Elle est véridique !
Ce petit lézard, que nous appellerons Max, m’a dit qu’il aimait beaucoup les histoires, qu’il lisait beaucoup, surtout tout ce qui concernait ses semblables : la grande famille des lézards.
Il sait qu’en Espagne ses cousins sont plus gros que lui, plus verts aussi car ils ont certainement plus de soleil pour les réchauffer. Et oui, les lézards ont besoin de soleil : les reptiles sont des animaux à « sang froid ». Ça ne veut pas dire qu’ils n’ont pas jamais peur de rien et ne s’affolent pas facilement. Non c’est simplement qu’ils n’ont pas de capacité à réchauffer eux-même leur température corporelle. Quand toi tu as froid, ton corps frissonne et s’active pour brûler des calories qui maintiennent la température de ton corps. Les reptiles ne peuvent pas. Ils ont donc besoin de se prélasser au soleil pour chauffer leurs corps.
Donc, Max m’a expliqué qu’il aimerait beaucoup voyager et rencontrer ses cousins Espagnols : avec eux il se sentirait en sécurité ! Et il pourrait échanger sur leurs expériences personnelles, sur leurs menus, leurs loisirs, bref sur tout ce qui intéresse Max!
Ce qui intrigue le plus Max ce sont ses cousins d’Afrique ! Il a lu que ceux-ci sont capables de saisir un gnou par le mufle et l’entrainer dans l’eau afin de le dévorer ! Ça alors ! C’est incroyable !
Ces cousins Africains vivent dans l’eau la plupart du temps … Pourvu qu’elle soit chaude : quand on est un reptile, on a le sang froid ! Et comme Max n’a jamais vu de gnou, il a du mal à imaginer la scène. Est-ce que le gnou est aussi gros que le chevreuil qui passe souvent près de la souche d’arbre qui abrite Max ? Il ne sait pas : les images qu’il a vu dans les livres ne donnent pas une idée assez précise des proportions. En tout cas, même s’il s’attaquait au faon de chevreuil, Max ne pourrait pas s’en saisir en une seule bouchée et l’entrainer dans son abri pour le manger ! Mais peut-être n’y a-t-il pas d’insectes en Afrique. Peut-être les crocodiles, ces lointains cousins Africains, sont-ils obligés de manger du gnou parce qu’ils n’ont pas autre chose à manger … Voilà bien qui intrigue notre lézard. Du coup il aimerait aller voir sur place pourquoi ça se passe comme ça!
Mais voilà une question qui le tracasse : qu’est-ce qu’il va manger en Afrique? S’il n’y a pas d’insecte, devra-t-il manger un gnou lui aussi?
Merci de me laisser vos commentaires.